Hieracium mosanum
En 1860, François CRÉPIN (1830-1903) découvre un Hieracium très particulier auquel il réserve le nom d'Hieracium mosanum.
A cette époque il est le directeur du jardin botanique et membre fondateur du club alpin belge dont il sera le premier secrétaire, fonction qu’il occupera jusqu’à sa mort en 1903.
Le genre Hieracium
Hieracium aurait pour racine ieras qui signifie faucon en Grec ancien.
C’est le naturaliste romain Pline l’ancien qui donna le nom Hieracium à cette sorte de plante En effet il raconte dans son Naturalis Historia que les faucons se nourrissaient de plantes de ce genre afin de renforcer leur vue !!! Personne n’a évidement jamais observé un faucon se nourrir de plantes. Il faut néanmoins mentionner qu’en anglais le nom vernaculaire fréquent des épervières se trouve être Hawkweed, littéralement mauvais herbe des faucons.
Le genre compte plus de 1000 espèces et comprend 3 sous-genres
- le sous-genre Chionoracium, lequel comprend une vingtaine d'espèces.
- le sous-genre Hieracium, lequel comprend les espèces indigènes
- le sous-genre Pilosella dont toutes les espèces ont une origine européenne.
Beaucoup d’espèces du genre Hieracium sont apomictiques (apogamie), c.à.d dont la reproduction asexuée produit des graines asexuées (mais des formes purement sexuées existent cependant) ce qui a pour résultat la perpétuation des variétés. Par spéciation par évolution rapide, par polyploïdie et parfois par hybridation, le genre a donné naissance à des milliers de petites variétés. Plus de12 000 noms d'espèce ont été publiés.
Les épervières ont été utilisées comme plantes médicinales elles contiennent :
-de l’acide chlorogénique
-des flavonoïdes
-de l’ombelliférone
La plante produit un latex qui lorsqu’il est exposé au soleil se coagule pour former une gomme qui a été utilisé autre fois comme substitut du chewing-gum.
La plupart des espèces sexuées d’Hieracium sont diploïdes (2n=18), les espèces apomictiques sont généralement triploïdes (3n=27)
Voici la description qu’en fit F.Crépin en 1862 :
«Souche robuste, plus ou moins longuement rampante, simple ou rameuse, devenant écailleuse avec la base des feuilles détruites. Tige robuste, de 2 à 3 décimètres, ordinairement bifurquée vers son milieu, nue ou portant une petite feuille à la base du rameau inférieur, pubescente, à poils courts et nombreux, devenant presque glabre. Feuilles des rosettes épaisses, très glauques, ordinairement glabres en dessus, parsemées en dessous de longs poils blancs, à bords velus-hérissés, ainsi que la côte. Pétiole plus court que le limbe, hérissé de poils blancs. Limbe tronqué à la base, ou très brièvement atténué en coin; celui des feuilles les plus inférieures de la rosette ovale-arrondi, très obtus et mucroné, à bords entiers ou presque entiers; celui des feuilles moyennes ovale-allongé, plus ou moins brusquement atténué au sommet, denté, sinué ou incisé inférieurement; celui des supérieures assez longuement atténué au sommet et aigu, à bords dentés ou sinués. Capitules gros, 2-6, disposés en corymbe très lâche, le terminal souvent dépassé par les latéraux, à pédoncules portant à leur base des bractées acuminées, ordinairement très longs (4-10 cm), pubérulents-blanchâtres, à duvet étoilé très dense, entremêlé d'un petit nombre de poils glanduleux, courts et peu apparents, dépourvus de poils longs et non glanduleux. Involucre renflé et arrondi à la base, à folioles disposées sur plusieurs rangs, longuement atténuées-aiguës, chargées d'un duvet blanchâtre étoilé, et à dos pourvu d'un petit nombre de poils glanduleux courts, renflés à la base. Fleurons ligulés grands, à dents glabres. Stigmate d'un jaune pur ne brunissant jamais. Akènes noirs (4 mm), gros, égalant les 2/3 de -l'aigrette, qui est un peu roussâtre. Vivace. Juin. Habitat: rochers escarpés et rocailles (terrain calcaire). - Vallée de la Lesse, entre Pont-à-Lesse et Anseremme, et vallée de la Meuse à Freyr (province de Namur, 1859-1861 »
L'espèce n'a pas été retenue dans les nombreuses publications ultérieures où a été rattachée comme variété à H. glaucinum.. Les rochers carbonatés de la région wallonne abritent les épervières suivantes: Hieracium murorum (et ses nombreuses sous-espèces, rappelons que ZAHN a retenu 345 sous-espèces de ce taxon!), H. schmidtii (= H. pallidum) , H. pilosella ,H. glaucinum (= H. praecox), H. mosanum (= H. glaucinum subsp. ovalifolium var. mosanum) et sans doute d'autres Hieracium voisins . H. mosanum est toujours bien représenté dans la vallée de la Meuse entre Yvoir et Waulsort ainsi que dans la vallée de la Lesse entre Anseremme et Pont-à-Lesse. C'est une plante endémique.
Lors d’une étude à Freyr en 1997 le Prof. Jacques Duvigneaud confirmera la présence de l’épervière mosane aux rochers de Freyr, Waulsort, Chamiat.
Le professeur J.Duvigneaud à Freyr en 1997